lundi 3 septembre 2012

La mêlée tue le temps

Si on tient compte du jeu actif (pendant lequel le ballon est vivant et la majorité des joueurs en mouvement, ce qui excepte les tentatives de pénalités, les placements en touche et en mêlée, les arrêts du chrono et les temps de replacement avant les coups d'envoi ou les renvois aux 22 mètres) pendant un match de TOP 14, on s'aperçoit que le temps de jeu n'occupe qu'une proportion minoritaire de la durée effective d'une rencontre. En prenant l'exemple du match entre le Racing Métro 92 et le RC Toulon (2ème journée), rencontre plutôt ouverte et spectaculaire, ce temps de jeu actif a duré exactement 29 minutes et 17 secondes (14'10 en première mi-temps et 15'07 en seconde) sur une durée effective du match de 1heure 43 minutes et 51 secondes (sans les 5 minutes d'arrêt de jeu dus au KO de Palisson, volontairement décomptées) soit 27%. A peine plus d'un quart de la rencontre a donc permis aux 8 000 spectateurs présents à Colombes et aux centaines de milliers d'abonnés de canal + d'apprécier des actions dont certaines, d'ailleurs ont été très spectaculaires avec des séquences, parfois, de plus de deux minutes et quatre essais (2 de chaque côté, victoire du RCT 23-21). Ca veut aussi dire, malheureusement, que pendant les deux tiers du match on a vu des joueurs se replacer, tenter des pénalités, des renvois et surtout "essayer" de jouer des mêlées. Car, paradoxalement, alors que les législateurs du rugby français tentent de réformer cette phase de jeu pour la rendre plus claire et augmenter ainsi le temps de jeu actif, la mêlée est le secteur qui pénalise le plus la durée des rencontres de Top 14. Non seulement parce qu'elles doivent être rejouées une ou deux fois mais surtout parce qu'elles se soldent par des pénalités ou des coups francs, gros consommateurs de temps de jeu. Ainsi, toujours pendant cette rencontre RM92/RCT, 16 mêlées ont été sifflées, 5 seulement se sont déroulées normalement, les 11 autres ont été sanctionnées. Si l'on estime à 3 minutes, en moyenne, le temps mort entre le coup de sifflet qui signale la faute originelle et un lancement de jeu effectif - remise en touche ou coup d'envoi (ou de renvoi) après une pénalité tentée - ce sont donc plus de 30 minutes (un tiers de match) qui sont perdues à cause de l'anarchie qui règne sur une seule phase de jeu, la mêlée. A la lumière de ce constat, on comprend mieux l'avis tranché et franc d'André Boniface qui dit se faire ch... pendant les rencontres de Top 14 même si l'enthousiasme des jeunes Montois promus le ravi. Et que dire des craintes de Nicolas Mas qui proclame que "si ça continue comme ça , les joueurs de plus d'1m80 et 110 kilos n'auront plus leur place dans le rugby de demain", ce qui accrédite un peu plus la thèse de ceux qui prédisent, à moyen terme, un rugby sans mêlées disputées (ce que font de plus en plus les Blacks) qui se rapprochera un peu plus du  jeu à XIII, spectaculaire, physique, plus intense mais moins tactique ?