lundi 26 octobre 2009

La grippe Anigo

Le feuilleton de ce week-end autour du report du match OM-PSG nous a montré toutes les bassesses que le football peut engendrer. Et tout ça quelques jours après deux superbes soirées de Ligue des Champions au cours desquelles l'OM, Bordeaux et Lyon se sont imposés. Le Classico s'annonçait plutôt bien. Pas de déclarations d'avant match tapageuses et deux équipes prêtes à jouer pour la gagne. Marseille pour tenter de remonter dans le trio de tête et Paris pour enfin retrouver le chemin de la victoire perdu depuis le 29 août. Il a suffi d'une épidémie de Grippe A touchant l'effectif du PSG pour que tout dérape et que la Ligue 1 se mette à tousser puis à cracher et même à vomir. Alors que les mêmes causes n'avaient produit aucun mauvais effet dans le monde policé du rugby après le report de deux rencontres de Castres en début de saison, dans le milieu nauséeux du foot l'affaire prend des proportions hors norme dignes d'un mauvais feuilleton. De "Plus belle la vie" on est passé à "Thiriez la fronde" en 3 jours et 4 cas de H1N1. On a vu des dirigeants de club mettre en cause leur autorité de tutelle (la LFP) et son président, certes maladroits mais qu'on peut comprendre dans un contexte inédit et délicat. Les mêmes présidents du PSG et de l'OM qui ne cachent pas leur intention d'intégrer une commission de la Ligue et qui ne crachent pas sur les dizaines de millions d'euros que leur reverse la LFP sur les droits TV. On a vu des supporters (!)  parisiens lâchés librement dans  la cité phocéenne exprimer de la manière la plus abjecte leur déception après l'annonce du report du match. Leurs homologues marseillais n'ont guère été plus élégants en ravivant de vieux sentiments anti-parisiens tellement stupides et éculés. On a surtout entendu des commentaires indécents et ineptes de la part de responsables des deux clubs et, en particulier, ceux de l'encadrement de l'OM. A commencer par Antoine Veyrat, le directeur général du club qui critique l'attitude du PSG et ose déclarer que dans cette affaire c'est l'OM qui est la première victime ou Didier Deschamps qui émet des doutes sur le fait que le PSG ait pu être diminué. Le technicien marseillais a beau s'habiller comme Guy Roux, il n'a pas encore les talents diplomatiques du maquignon bourguignon ! La palme revient, sans surprise, à José Anigo  qui crie au complot anti marseillais orchestré par les technocrates parisiens et se permet même de tacler son président, Jean-Claude Dassier, qu'il juge un peu jeune dans le métier après que celui-ci a osé dire qu'il n'y avait aucune raison de soupçonner les dirigeants parisiens de manipulation. C'est dire l'ambiance qui règne à la Commanderie !!! Le même Anigo qui tentait l'an dernier (soutenu par l'angélique Pape Diouf)  de faire passer Santos Mirasierra pour un doux agneau harcelé par la justice espagnole. Mais quel besoin ont-ils d'attiser les braises qui consument jour après jour le football français tel un virus malfaisant ?

mercredi 21 octobre 2009

Toulalan en défense, comme une évidence

S'il était parvenu à pallier l'erreur de Cris, complétement KO, en empêchant Yossi Benayoun de marquer à la 41ème minute l'unique but de Liverpool, Jérémy Toulalan (26ans) aurait probablement réussi le match parfait. Une performance d'autant plus remarquable qu'il l'a réalisée en défense centrale à un poste auquel ce milieu défensif ne joue que très rarement et dans un contexte particulièrement difficile. Bon de la tête, sur l'homme en individuel, bien placé, lucide, bon relanceur et, comme toujours, infatigable et présent sur tous les points chauds. Il n'a même pas pris de carton jaune, ce qui est rare pour un joueur qui s'engage autant. Enfin on a découvert un vrai patron de la défense lyonnaise, rameutant ses troupes, plaçant ses partenaires et mettant en confiance le jeune Maxime Gonalons (20 ans) pour une première lui aussi à un poste inhabituel et dans l'arène d'Anfield Road. Le Nantais de Lyon s'est même payé le luxe d'être à l'origine de l'égalisation de l'OL et, donc, du succès de son équipe à Liverpool. Il faut maintenant espérer que Raymond Domenech a suivi sa prestation  car, dans l'objectif d'une Coupe du Monde potentielle, Jérémy Toulalan a toutes les qualités pour devenir le défenseur central qui manque à l'équipe de France aux côtés de William Gallas. De quoi former enfin une véritable charnière de niveau international. Ce que l'on n'a pas vu depuis l'Euro 2000 avec Marcel Dessailly et Laurent Blanc, lui aussi milieu de terrain reconverti. Claude Puel est prêt à jouer le jeu et faire jouer plus souvent Toulalan à ce poste mais avec Raymond Domenech, on ne sait jamais. Il peut très bien décider de mettre le Lyonnais sur le banc des remplaçants et rappeler Trézeguet pour le faire jouer en défense centrale.

mercredi 14 octobre 2009

VDB, martyr et dérailleur

Un martyr est celui qui consent à aller jusqu'à mourir pour témoigner de sa foi plutôt que d'abjurer. Si l'on accepte le fait que consacrer sa vie à un objectif, prendre tous les risques même les plus inavouables pour assouvir sa passion et exister est un témoignage de foi et s'il devient un exemple de ce qu'il faut faire ou ne pas faire, alors oui  Franck Vandenbroucke est un martyr et son exemple, bon ou mauvais,  doit servir la cause du  sport et du cyclisme professionnel en particulier. Les disparitions de Simpson, Jimenez, Pantani  ou Salanson, les scandales Festina, CSC ou Astana, les affaires Puerto, Saiz, Armstrong, ou Landis, tous les soupçons et les doutes qui pèsent sur les coureurs en activités et les ennuis de santé de glorieux anciens pros n'ont pas suffi à assainir une discipline qui souffre de plus en plus d'un mal qui le ronge depuis tant de décennies, dont on connaît pourtant l'origine, les symptômes et même les remèdes. Dans ce contexte, Franck Vandenbrouke est l'exemple parfait du cycliste maudit. Né dans une famille modeste mais imprégnée de compétition cycliste, le jeune VDB montre très tôt des qualités pour le vélo et ses dons et son envie de réussir dans ce sport se révèlent si vite qu'à 18 ans il devient  le grand espoir du cyclisme belge. Son début de carrière pro sera fulgurant, ponctué par deux années de grâce en  1998 et 1999 avec les plus belles de ses victoires (Gand-Wevelgem, Paris-Nice, Liège-Bastogne-Liège et le Het Volk) et une place de leader dans la formation COFIDIS. Les 10 années suivantes, ne seront qu'une longue descente aux enfers. Entre dopage, trafics pas clairs, tentatives de suicide, séjour en hôpital psychiatrique, divorces, ennuis judiciaires, toute la panoplie du sportif influençable et dépravé y passe et le champion fragile ne cesse de dérailler. Faut-il en vouloir à un jeune sportif qui, comme tant d'autres à l'heure du professionnalisme démesuré, est tombé du nid familial trop jeune, a vécu une vie d'homme alors qu'il sortait à peine de l'enfance, n'a pas suivi le minimum d'études qui permet d'envisager une reconversion sereine, a piloté des Ferrari quand les potes de son âge conduisaient la Fuego de papa, buvait du champagne dans des bocks d'un demi-litre ? Faut il avoir pitié de lui ? Certainement car, même s'il n'y a pas d'âge pour mourir, 34 ans (comme Pantani !) c'est beaucoup trop jeune et surtout aucune des fautes qu'il a commises et même toutes additionnées ne méritent une telle sanction. Puni, VDB l'a été toute sa vie (à 4 ans il a été victime d'un grave accident dans sa rue). Souhaitons que sa mémoire soit honorée en invitant tous ceux qui pratiquent, organisent et dirigent le cyclisme professionnel à faire en sorte que le nom de Franck Vandenbroucke soit le dernier d'une liste noire déjà bien trop longue. Un jour prochain VDB voudra alors dire Vouloir Du Bien.

jeudi 8 octobre 2009

Gay pied


On savait le football porteur des meilleures comme des pires images du sport. Capable de rassembler et d'enflammer les foules, facteur d'intégration sociale et vecteur de valeurs universelles.  C'est aussi malheureusement un projecteur puissant  des comportements humains les plus avilissants, des dérives discriminatoires  les plus abjectes et de l'incivisme le plus malsain. Le week-end dernier, le football a franchi un nouveau pas dans l'intolérance avec l'annulation d'un match amical en région parisienne qui devait opposer le Créteil Bébel au Paris Football Gay. Le motif invoqué par l'équipe de la banlieue sud est consternant. C'est, selon ses dirigeants, parce que le Créteil Bébél est une équipe composée de musulmans pratiquants dont "les convictions sont de loin plus importantes qu'un simple match de foot" (sic), qu'il ne peut jouer contre une équipe qui représente des idées auxquelles il n'adhère pas.  Bon la gaudriole homophobe ce n'est pas nouveau dans le football à l'exemple des supporters des plus grandes clubs français qui hurlent "Oh hisse enculé" à chaque dégagement du gardien de but adverse, de la sortie du délicat Laurent Nicollin, président délégué de Montpellier, qui avait envoyé un texto à un de ses supporters libéllé "On va les enc...ces PD de Nîmois" ou de la banderolle déployée par des supporters bastiais à l'encontre de l'attaquant burkinabé de Libourne sur laquelle était élégamment écrit "On n'est pas racistes, la preuve: on t'encule !", sans oublier tous ces joueurs, arbitres et dirigeants traités de Pédés chaque week-end. Tout ça passe pour une aimable tradition  liée à la pratique d'un sport populaire. Dans le cas de l'affaire du Paris Football Gay, on n'est plus dans l'annecdote et le folklore. On entre dans la discrimination dogmatique au nom de principes qui n'ont plus grand chose à voir avec le sport. Ce dont se défendent très maladroitement les dirigeants du club de Créteil qui déclarent: "Ca ne nous dérange pas de jouer avec des gays mais pas contre un club qui porte un tel nom. Nous on a fait des efforts pour rester neutres. On ne s'appelle pas Football Club Islamique par exemple. Alors pourquoi pas d'autres ?". Quels que soient les prétextes allégués, c'est bien le communautarisme et son développement incontrollé dans la société française et dans le football en particulier qui induisent ce genre de dérive. Les mesures de discrimination positive n'y changent pas grand chose. En revanche, la sévérité et la fermeté des dirigeants du football français seraient  bienvenues. Mais allez donc demander ça à des responsables qui n'osent même pas recadrer le sélectionneur national.