vendredi 11 juin 2010

Coupés du monde

William Gallas, ne veut pas s'exprimer devant la presse, qu'il se rassure on ne lui en voudra pas. Si c'est pour entendre les sempiternels "A partir de là...", "ce qui compte c'est le groupe",  "le coach a dit que...",  "Donc voilà...",  "Maintenant, on en reparlera plus tard", "On prend les matches les uns après les autres", il peut continuer de bouder dans son coin et essayer de se convaincre, comme ses partenaires, que le parcours de l'équipe de France donnera raison a cette stratégie qui consiste à s'isoler, se couper du monde, se "bunkeriser" comme disent mes confrères. Que près de 80 % des Français ne croient pas aux chances de leur équipe dans ce Mondial (sondage GFK/L’Equipe.fr/RTL/MSN du 20 mai 2010),  qu'ils soient 37 % à ne pas faire confiance à Raymond Domenech et, pire, que seulement 50%  pensent que la France atteindra les 1/4 de finale n'a pas l'air de choquer les joueurs ni leur encadrement, enfermés dans leur mutisme et leurs certitudes. Alors bien évidemment, quand une entité publique ne communique pas ou le fait  mal, les médias et, désormais, la rumeur numérique (et même le gouvernement) interprètent, glosent, extrapolent. Ce qui a évidemment pour effet de braquer les personnes concernées encore plus. Tant qu'il n'y avait que la presse écrite, les radios et la télévision, ces débordements restaient relativement circonscrits même si certains épisodes comme celui des prises de position de l'Equipe contre Aimé Jacquet en 1998 ont laissé des traces indélébiles. Mais désormais, avec l'impact et la dispersion souvent incontrôlée des informations provoqués par la puissance des sites internet et des supports numériques, ce déferlement permanent de nouvelles fait des dégâts irréversibles pour peu qu'on en maîtrise pas l'origine et la diffusion. Ce qui est évidemment le cas pour la communication de la Fédération Française de Football, surtout depuis qu'elle désigne des sélectionneurs aux comportements psychologiques pour le moins étonnants et c'est le cas depuis 1994. Aux avenants Michel Hidalgo, Henri Michel, Michel Platini et Gérard Houiller ont succédé le réservé Aimé Jacquet (avant que les salaires et les formations proposés par Canal + n'en fassent un communicant potable), le parano-psycho-rigide Roger Lemerre, le timide et introverti Jacques Santini et, enfin, le manipulateur et incontrôlable Raymond Domenech. Ce sont pourtant Jacquet et Lemerre qui ont permis à la France d'obtenir ses plus beaux trophées internationaux depuis 25 ans. Et si Domenech avait raison et qu'il nous refasse le coup de 2006, voire pire ?