jeudi 8 octobre 2009

Gay pied


On savait le football porteur des meilleures comme des pires images du sport. Capable de rassembler et d'enflammer les foules, facteur d'intégration sociale et vecteur de valeurs universelles.  C'est aussi malheureusement un projecteur puissant  des comportements humains les plus avilissants, des dérives discriminatoires  les plus abjectes et de l'incivisme le plus malsain. Le week-end dernier, le football a franchi un nouveau pas dans l'intolérance avec l'annulation d'un match amical en région parisienne qui devait opposer le Créteil Bébel au Paris Football Gay. Le motif invoqué par l'équipe de la banlieue sud est consternant. C'est, selon ses dirigeants, parce que le Créteil Bébél est une équipe composée de musulmans pratiquants dont "les convictions sont de loin plus importantes qu'un simple match de foot" (sic), qu'il ne peut jouer contre une équipe qui représente des idées auxquelles il n'adhère pas.  Bon la gaudriole homophobe ce n'est pas nouveau dans le football à l'exemple des supporters des plus grandes clubs français qui hurlent "Oh hisse enculé" à chaque dégagement du gardien de but adverse, de la sortie du délicat Laurent Nicollin, président délégué de Montpellier, qui avait envoyé un texto à un de ses supporters libéllé "On va les enc...ces PD de Nîmois" ou de la banderolle déployée par des supporters bastiais à l'encontre de l'attaquant burkinabé de Libourne sur laquelle était élégamment écrit "On n'est pas racistes, la preuve: on t'encule !", sans oublier tous ces joueurs, arbitres et dirigeants traités de Pédés chaque week-end. Tout ça passe pour une aimable tradition  liée à la pratique d'un sport populaire. Dans le cas de l'affaire du Paris Football Gay, on n'est plus dans l'annecdote et le folklore. On entre dans la discrimination dogmatique au nom de principes qui n'ont plus grand chose à voir avec le sport. Ce dont se défendent très maladroitement les dirigeants du club de Créteil qui déclarent: "Ca ne nous dérange pas de jouer avec des gays mais pas contre un club qui porte un tel nom. Nous on a fait des efforts pour rester neutres. On ne s'appelle pas Football Club Islamique par exemple. Alors pourquoi pas d'autres ?". Quels que soient les prétextes allégués, c'est bien le communautarisme et son développement incontrollé dans la société française et dans le football en particulier qui induisent ce genre de dérive. Les mesures de discrimination positive n'y changent pas grand chose. En revanche, la sévérité et la fermeté des dirigeants du football français seraient  bienvenues. Mais allez donc demander ça à des responsables qui n'osent même pas recadrer le sélectionneur national.