lundi 24 août 2009

Usain de Germanie

Usain Bolt a établi une relation particulière avec l'Allemagne. Évidemment ses 3 titres mondiaux et ses 2 records du monde battus à Berlin marqueront les esprits comme ce fut le cas pour le quadruplé olympique et symbolique de Jesse Owens, au même endroit, il y a 73 ans. Mais les relations entre le sprinter et l'Allemagne ont commencé bien avant ce mois d'août 2009 puisque le Jamaïquain vient tous les ans en début de saison passer quelques jours dans la clinique du Dr Müller-Wohlfahrt, à Münich. Cette visite a pour but, officiellement, de faire un bilan médical et de faire le point sur les problèmes de dos dont souffre Bolt. A priori, rien de bien compromettant, sauf si on met en évidence et en corrélation deux paramètres quelque peu troublants. A commencer par le fait que, depuis 1988, une grande majorité des meilleurs sprinters, recordmen du monde, médaillés olympiques ou champions du monde, a été convaincue de dopage. Une liste impressionnante: Ben Johnson, Christie, Greene, Bolton, Montgomery, Chambers, Gatlin...Et même l'immense Carl Lewis, contrôlé positif en 1988 ! mais protégé par sa fédération (n'oublions pas également que 5 sprinters jamaïquains ont été contrôlé positifs en juin dernier). Et puis il y a ce fameux Dr Müller-Wolfhart, médecin du Bayern Münich et de la Nationalmannschaft. Certes, il n'a pas la sulfureuse réputation des alchimistes italiens Francesco Conconi et Michele Ferrari ou de l'Américain Victor Conte, patron du laboratoire Balco, mais le nom du médecin allemand est apparu de manière suspecte au moment de ce qu'on a appelé l'affaire Vieira au printemps 2008. Petit rappel: un mois avant le début de l'EURO de football, le capitaine tricolore blessé se voit conseillé par son coéquipier Willy Sagnol de rencontrer le Dr Müller-Wohlfahrt. Ce dernier prescrit à Patrick Vieira, une cure d'Actovegin, un médicament composé d’extraits de sang de veau déproténéisé qui n'est pas inscrit sur la liste des produits dopants mais qui, associé à d'autres substances interdites (l'EPO notamment), aurait des propriétés masquantes ou préventives. Sous pression de la FFF, Vieira ne suivra pas ce traitement et ne participera pas à l'EURO ce qui le poussa à fustiger le staff médical de l'équipe de France. Tout ça pour dire que le médecin allemand qui s'occupe de la santé d'Usain Bolt maîtrise parfaitement bien la pharmacopée de la préparation sportive, y compris les traitements les plus suspicieux. Ça ne veut pas dire que Bolt est passé du côté obscur de la force et Lamine Diack, le président de la Fédération Internationale d'Athlétisme (IAAF), a certainement raison de répéter que le Jamaïquain est l'athlète le plus contrôlé mais il dit également "Si on n'a pas de superstar, c'est difficile de vendre notre sport...Maintenant, nous avons Bolt. Les gens vont être derrière lui". Entre raison et politique (Diack vise un quatrième mandat en 2011) il y a un fossé considérable, rempli de multiples mensonges, trahisons, compromissions et autres tricheries. J'aimerais bien que ça se passe comme dans la série télévisée allemande " La Clinique de la Forêt-Noire" (Die Schwarzwaldklinik) où tout se termine toujours bien.