lundi 28 septembre 2009

Bon vivant et mauvais disparu

Le Racing Club de France est en deuil et le Showbizz pleure. Cette association de mâles fêtards qui fit les beaux jours du RCF à la fin des années 80 et réveilla le monde du rugby confit dans sa tradition et son cholestérol doit tant à Marcel Francotte qui vient de nous quitter. Dirigeant historique au Racing (sections ski et rugby), ce titi parisien, gouailleur et dévoué fit beaucoup pour permettre aux Blanc, Rousset, Guillard, Lafond et autres Mesnel d'exprimer leur douce folie. Sans lui, nos joyeux drilles auraient eu bien du mal à convaincre les autres dirigeants de l'époque que leurs délires n'étaient que légèreté, fraîcheur et potacheries sans arrière-pensées. Sans lui, la marque Eden Park n'aurait peut être jamais existé. Cet ancien collaborateur du grand couturier Jean Patou leur a ouvert les portes du monde de la création et de l'industrie textile. Certes, il y a eu, comme dans toute association des frictions entre ces jeunes entrepreneurs et ce vieux briscard mais tous ceux qui l'ont fréquenté savaient qu'ils pouvaient compter sur lui. Et ils sont nombreux, les rugbymen du Racing qui ont pleuré sur son épaule ou ont ri aux éclats entre deux bons mots et deux bons verres. Entre 1960 et 2000, il aura tout vu et tout connu du club. Des mauvais jours au lendemain du titre de 1959 jusqu'à la fin des années 70, lorsque la section rugby implose et puis le bonheur suprême avec la finale de 1987 et le sacre de 1990. Des valeureux Nordistes comme Vannier, Gourdon, Péron, Decrae, Modin, Guillard ou Blanc aux glorieux Sudistes, Crauste, Moncla,  Bassagaïtz, Taffary, Martinez, Rives, Paparemborde ou Benezech. La liste est si longue de ceux qui ont partagé un bout de gras, refait les matches et le monde ou se sont pris la tête avec Marcel qui observait derrière ses grosses lunettes, écoutait avec ses grandes oreilles et aimait avec son coeur immense. Il nous quitte quelques mois après la disparition de son grand pote Gérard Mérigaud. Nul doute qu'à la table des enfants du paradis ces deux là vont se faire une place de choix. Ils vont avoir tout le temps de nous observer et leurs éclats de voix, leur mauvaise foi et leurs fous rires résonneront longtemps dans nos esprits.