mardi 15 septembre 2009

La F1 en pol(lution) position

Le Salon de l'automobile de Francfort ouvre ses portes sous le signe de la lutte pour la protection de l'environnement . Le gouvernement français vient de lancer un ambitieux plan "voiture propre" . Un contexte idéal pour Carlos Ghosn, le PDG du conglomérat Renault-Nissan, qui s'est glissé dans la panoplie du grand timonier du développement durable en pronant le tout électrique pour les voitures que son groupe va désormais construire. L' investissement du constructeur français est considérable. Près de 4 milliards d'euros qui permettront à Renault de sortir 3 ou 4 modèles "écolo" grand public d'ici 2011 et de se retrouver en tête du classement mondial des constructeurs automobiles "propres". Une démarche louable mais très paradoxale. En contradiction totale avec les sommes énormes (370 millions d'euros en 2008) consacrées par le constructeur français à son développement en Formule 1, l'une des disciplines sportives les plus polluantes. La mauvaise saison que traverse Renault en F1 (Alonso 10ème pilote et Renault seulement 7ème ex-aequo sur 10 constructeurs), le non renouvellement du contrat de motoriste pour Red Bull la saison prochaine, l'affaire Piquet Jr autour du GP de Séoul 2008 qui pourrait coûter très cher, une règlementation de plus en plus complexe et des retombées médiatiques de moins en moins évidentes. Autant de prétextes justifiés qui doivent conduire logiquement le patron de Renault à se retirer rapidement de la F1 (retrait déjà évoqué en mai dernier). On aimerait qu'il s'appuie  aussi sur celui, essentiel,  de la défense de l'environnement, en adéquation avec sa nouvelle stratégie industrielle et sa communication . Le seul risque qu'il prendrait serait celui de servir d'exemple et de déclencher une véritable hécatombe au royaume de la Formule 1 que tous les grands constructeurs "grand public" (BMW, Toyota, Mercedes) quitteraient pour la même raison. Pendant longtemps on a comparé les courses de voiles à la "conquète de l'inutile". N'est il pas temps de réfléchir, au nom du plus évident sens des responsabilités, à l'existence de certaines compétitions de sports mécaniques, véritables "quêtes de l'absurde et de l'irrationnel" . La Formule 1 n'aura bientôt plus d'intérêt que pour ceux (économiques) de Bernie Ecclestone et les Rallyes-Raids ont, depuis longtemps perdu leur dimension d'aventures humaines. Rouler à 350 km/h en consommant des centaines de litres de carburant et traverser des villages à fond la caisse en ne laissant de traces que celles de la gomme et des gaz d'échappement ont-ils encore un intérêt sportif ou technologiques ???

* Le lendemain de la publication de ce billet, Renault F1 remerciait le patron de l'écurie, Flavio Briatore et son directeur technique. Un pas de plus vers un désengagement du constructeur...