mercredi 27 janvier 2010

La Faim de Federer

On aurait pu penser qu'à l'aube de sa 13ème saison professionnelle, Roger Federer l'aborderait rassasié après tant de titres engloutis dans tous les tournois du monde et de records avalés sur toutes les surfaces du cicuit, riche à millions, jeune père de famille et mari modèle. Il n'en est rien et son appétit n'est toujours pas satisfait. Ainsi ce matin, en éliminant sa bête noire Nikolay Davydenko à Melbourne, il a atteint sa 23 ème demi-finale consécutive d'un tournoi du Grand Chelem. C'est tout simplement ENORME. Une série record entamée à Wimbledon en 2004 alors qu'il allait avoir 23 ans ! Déjà, serait-on tenté de dire tant la mode dans le milieu du tennis est aux réussites précoces. Patiemment, gérant son physique parfaitement et progressant de tournoi en tournoi, le Suisse est donc parvenu à participer aux 23 dernières levées du Grand Chelem et pas pour y faire de la figuration. 23 demi-finales certes, mais déjà 19 finales, avant cet Open d'Australie, dont 13 gagnées avec un total impressionnant et certainement inégalable de 147 victoires en 156 matches consécutifs (Sur les 161 rencontres programmées lors 23 derniers tournois du Grand Chelem disputés au terme de cet Open d'Australie). Dans 5 mois Roger Federer pourrait même ravir à Pete Sampras, son glorieux prédecesseur dans cette course aux records, celui du nombre de semaines en tête du classement ATP. L'Américain mène encore avec 286 semaines classé n°1 mondial mais avec 267 semaines au sommet, le Suisse n'est plus très loin. Il ne restera alors à Federer qu'un seul record mythique à ravir à Sampras; Celui du nombre de saisons avec au moins un titre du Grand Chelem en poche. L'Américain en est à 10 (dont 8 consécutives) contre 7 (consécutives) pour le magicien de Bâle. Tsonga, puis peut-être Murray ou Cilic vont-ils devenir les premiers coupe-faim de sa saison ?

dimanche 24 janvier 2010

Où sont les femmes ?

Lundi, à l'ouverture de l'Open d'Australie, elles étaient 7 joueuses à représenter la France au 1er tour à Melbourne. Vendredi, après l'élimination de Marion Bartoli au 3ème tour, il n'y en avait plus une seule dans le tableau féminin. Quatre (Parmentier, Razzano, Cornet et Cohen-Aloro) n'ont pas passé le premier tour et Coin et  Rezaï ont été sorties au deuxième tour. C'est dire dans quel état se trouve le tennis féminin français. A croire que 4 ans seulement après la période dorée qui voyait pointer en janvier 2006 trois Françaises dans les 11 premières du classement WTA (Amélie Mauresmo 3ème juste avant de s'imposer à Melbourne, Mary Pierce 5ème et Nathalie Dechy 11ème) et Bartoli remporter son deuxième tournoi à Auckland, le tennis féminin français est en train de plonger en eau profonde et pour un bon moment. Parmi les 4 joueuses précitées 3 ont pris leur retraite et seule Bartoli, qui gère tant bien que mal ses kilos et son ego complexe, parvient à faire illusion de temps en temps. A l'époque, on pensait pourtant que la relève était assurée mais Tatiana Golovin a été trahie par un bassin fragile et coule, à seulement 22 ans, des jours heureux à Londres auprès de son compagnon Samir Nasri. Aravan Rezaï a du potentiel mais aussi un père et un caractère qui ne lui font pas que du bien. Quant à Alizé Cornet, sa 15ème place au classement WTA en 2008 semble bien loin même si, à seulement 20 ans, elle peut réserver de belles surprises. Restent Mathilde Johansson et Kristina Mladenovic mais la première, malgré une apparition en FED Cup l'an dernier contre la Slovaquie, tarde à confirmer, quant à la seconde, Championne du monde junior 2009 à 16 ans seulement, elle semble encore un peu tendre pour espérer rivaliser dans la cour des grandes. Je plains le pauvre Nicolas Escudé qui doit annoncer ces jours-ci sa sélection pour le premier tour de FED Cup contre les Etats-Unis dans 2 semaines à Liévin et qui n'a que le choix de l'embarras. Il y a fort à parier que, comme l'an dernier après la cinglante défaite face à l'Italie (5-0) au premier tour et en 2008 face à la Chine, la France sera contrainte cette année de disputer un troisième barrage consécutif pour sauver sa place dans le Groupe Mondial. Pendant ce temps, trois Belges étaient en course en huitièmes de finale de l'Open d'Australie et, plus fort encore, deux Chinoises (une première dans l'histoire des Grands Chelems) joueront les quarts  !

lundi 18 janvier 2010

Quand la FFF fait de la réclame pour l'EURO 2016

On savait que, sous la présidence de Jean-Pierre Escalettes, la communication de la Fédération Française de Football ne brillerait pas par sa modernité et son originalité. On pouvait, malgré tout, espérer qu'avec Pierre-Jean Golven, ancien de chez TBWA ou Roland Garros, à la direction de la communication, les choses allaient un peu bouger. Malheureusement il n'en est rien et la communication pour la candidature de la France à l'EURO 2016 en apporte une preuve... consternante. La campagne concoctée, par l'agence Young & Rubicam quand même ! est plus qu'affligeante. Des affiches mièvres sans originalité qui montrent des anonymes revêtus d'un tee shirt portant des messages soi-disant porteurs d'envie et d'engagement du type "Je ferai la fête avec toute l'Europe", "Je serai sur le terrain", "Et moi je lancerai la Ola", "Toute la France y sera, moi aussi, je confirme" !!! Mais le pire ce sont les 2 clips vidéos qui sont diffusés sur tous les écrans (http://www.fff.fr/mediatheque/fff/531906.shtml et http://www.fff.fr/mediatheque/fff/531905.shtml). Ouaou ! Quel enthousiasme, quelle ferveur. On dirait une campagne électorale pour le candidat du MODEM en Ariège ! Pas une image de football, pas une image de jeu, de joie, d'enthousiasme, de stade ou de supporters. Aucune référence aux 12 villes sélectionnées pour accueillir des matches si la France est retenue. Une malheureuse signature "Pour accueillir l'EURO 2016, je clique sur fff.fr". Et alors ? Comme si le fait d'aller sur le sinistre site de la Fédération allait aider à la candidature de la France pour cette épreuve. Il faut savoir qu'il existe pourtant un site (http://tousensemble2016.fff.fr/euro2016/) dédié à cette candidature, édité par la FFF, et dans lequel on retrouve de sublimes et originaux témoignages vidéo de soutien: Forget, Riner, Omeyer, Puel, Sagna, Benzema... pour les plus connus et Blot, De Gramont, Roujas, Vollaire, Couderc, Turpin pour ??? Tournés par des équipes de télévisions à la pointe de la technologie et des effets spéciaux (slovaques ou capverdiennes probablement). A quoi sert ce site ? Il aurait suffit que la FFF, qui dispose pourtant de moyens vidéo, filme la lecture d'un article du traité de Maastricht par Franck Ribéry et Lassana Diarra pour créer un clip plein de dérision, d'humour et de décalage et provoquer ainsi un "buzz" cent fois plus efficace et dix fois moins cher. Alors, faut-il voir dans ce désastre de la communication made in France une défaillance créatrice de l'agence Young & Rubicam, à qui on doit quand même de belles campagnes (Decathlon, Quick, FDJ, Milka...), ou, plus sûrement, l'influence néfaste d'une FFF archaïque, incapable de gérer la communication de la plus populaire des disciplines sportives et otage d'un sélectionneur omnipotent ? Nos concurrents italiens et turcs n'ont qu'à bien se tenir... les côtes d'ici la décision finale de l'UEFA le 27 mai prochain. A cet effet je vous recommande le visionnage du clip de la Turquie (http://www.euro2016adayiturkiye.com/). A croire qu'il faut passer le Bosphore pour trouver créativité, imagination et efficacité.



dimanche 17 janvier 2010

Le Dakar à l'index

Inutile, incohérent, incompréhensible, inaperçu, incognito, indifférent, insignifiant, inintéressant, insipide, inepte, insane, indu, incongru, impropre,  importun, inopérant,  intolérable, inadmissible, inconvenant, insolent,  insupportable, imprudent,  improbable, indécent, un décès...

samedi 16 janvier 2010

Lumière noire

En voyant sa posture, façon penseur de Rodin, après son second but contre la Croatie lors de la Coupe du monde 98, on se disait bien qu'il y en avait dans cette tête là. Symbole à l'époque, au même titre que Zidane, Desailly,  Pirès et tous les autres, d'une génération Black, Blanc, Beur, Lilian Thuram a prouvé, depuis plus de dix ans, qu'il était, dans le monde du football une exception. Un joueur qui se sert de sa tête autrement que pour dégager les ballons chauds et de son coeur autrement que pour savoir de quel côté de la veste il faut ranger son portefeuille bien garni. Ses combats, ses engagements: le racisme et l'intolérance sous toutes leurs formes. Descendant d'esclaves africains déplacés en Guadeloupe, l'ancien capitaine de l'équipe de France n'a de cesse de s'informer sur l'histoire et les drames du peuple noir et de faire partager, partout dans le monde ses convictions, ses indignations et ses espoirs. Quelquefois maladroitement quand sa passion l'entraîne sur des sentiers corporatistes et politiquement trop corrects mais le plus souvent c'est avec raison et humanité qu'il porte sa bonne parole. C'est ce qu'il fait de manière tout à fait intelligente et didactique dans le livre qu'il vient de publier "Mes étoiles noires"  (Ed. Philippe Rey) et dans lequel  Lilian Thuram revient sur la destinée d'une quarantaine de personnalités à la peau noire, de Lucy à Barack Obama, qui ont eu un impact fondamental dans l’évolution de la l'humanité. Un véritable travail d'universitaire et d'historien, étayé par de nombreux entretiens qui éclairent d'une belle lumière le parcours d'hommes et de femmes, célèbres ou inconnus, qui permettent, comme le dit Lilian Thuram dans la postface de son ouvrage, d’éviter la victimisation et d’être capable de croire en l’Homme. Peu de sportifs dans ce Panthéon mais Lilian Thuram sait combien le Sport, avec de grands noms comme Mohamed Ali, Yasuhiro Yamashita, Jesse Owens,  Arthur Ashe, Nawal El Moutawakil, Jahangir Khan, Roger Bourgarel,  Pelé, Zinedine Zidane, Cathy Freeman, Tiger Woods et tant d'autres, est un révélateur multicolore de la richesse et des valeurs de la  nature humaine.

mardi 12 janvier 2010

Larmes d'Afrique


Triste semaine pour le football en Afrique. Alors que la fête s'annonçait superbe en Angola à l'occasion de la 27ème édition de la CAN, le drame qui a touché l'équipe du Togo, victime d'un attentat dans la province de Cabinda, a jeté un voile sombre sur une compétition qui enflamme tout un continent totalement dévoué à sa passion du ballon rond tous les deux ans. Comme souvent en Afrique et dans le monde du sport la compétition et le spectacle vont reprendre le dessus mais les Togolais, au delà du drame qui les à touché, n'auront même pas l'occasion de vibrer pour les exploits de leurs Eperviers. Double peine donc pour tout un pays dont une grande majorité de la population souhaitait que la sélection nationale participe malgré tout à la compétition, ne serait-ce que pour rendre hommage aux victimes de l'attentat et, surtout, pour montrer au continent africain et au monde entier que le Togo abrite un peuple fier capable de se relever et de surmonter les pires épreuves. A ce titre, on peut s'étonner de la décision de la CAF (Confédération Africaine de Football) de disqualifier le Togo de la CAN au prétexte fallacieux que les Eperviers auraient dû se présenter ce lundi à 19h30 à Cabinda pour affronter le Ghana !!!
Ce mercredi, la Tunisie fera son entrée dans la compétion face à la Zambie. Les Aigles de Carthage auront certainement une pensée émue pour l'un des leurs, disparu la semaine dernière. Né à Tunis où il vécu 13 ans avant de rejoindre la France, Philippe Séguin a toujours cultivé ses racines tunisiennes et entretenu une passion viscérale pour le football. Et si on le voyait souvent dans les tribunes du Parc des Princes pour suivre le PSG et au Stade de France pour supporter l'équipe de France, le président de la Cour des Comptes n'hésitait jamais, lors de ses séjours à Tunis, à aller soutenir le club de son coeur, l'Espérance.On l'a encore vu au mois d'août dernier dans les tribunes du stade El Menzah suivre une rencontre qui opposait l'EST à Kasserine. Un grand homme politique s'en est allé, un vrai passionné de football a disparu et un Africain de coeur nous a quitté.

lundi 11 janvier 2010

Champions virtuels

Nul ne peut contester la légitimité des palmarès des champions de l'année 2009. Qu'il s'agisse des Champions des Champions Monde ou France de l'Equipe ou du sportif de l'année du JDD. Usain Bolt et Sébastien Loeb méritent amplement leurs sacres tout comme les autres sportifs qui sont montés sur les podiums: Federer, Rossi, l'équipe de France de handball et Riner. Mais si les exploits de Federer à Roland Garros et Wimbledon ou ceux de l'équipe de France de hand en Croatie ont été vus en direct et revus de longues et belles minutes sur tous les écrans, ceux de Bolt, Loeb, Rossi et Riner n'ont duré pour le premier que quelques secondes (28.77 exactement si on additionne son record du monde du 100 mètres et 9"58 à celui du 200 mètres en 19"19) et n'ont quasiment pas été vus pour les trois autres. Le sixième sacre consécutif de Sébastien Loeb car le championnat du monde des rallyes n'est pas retransmis en direct et, à moins d'être abonné à Eurosport (Motors TV en 2010), l'Equipe TV ou Infosport qui ont diffusé des résumés de ses victoires ou de subir Stade 2 et Tout Le Sport, ce n'est qu'en fin de journal télévisé ou dans le trop matinal Auto-Moto que le grand public a pu vraiment apprécié l'exploit de l'Alsacien. Pour Valentino Rossi et son 7ème sacre en Moto GP, c'est encore pire car la moto ne fait pas vraiment la Une des chaines de télévision et comme, de plus, il n'est pas Français....Autant dire que ses exploits en 2009 n'ont pas été beaucoup visionnés. Enfin Teddy Riner, sacré pour la 3ème fois Champion du monde à 20 ans seulement, c'est certainement l'exploit qui a été le moins vu à la télévision tant le judo est peu diffusé (sauf pendant les JO). Un paradoxe évident, logique mais rassurant car il démontre que l'ultra médiatisation télévisuelle ne garantit pas le succès et n'alimente pas forcément les palmarès. Sinon rugbymen, footballeurs, tennismen, pilotes de F1 et cyclistes trusteraient les podiums de la notoriété ce qui, à l'exception de Roger Federer, n'est pas le cas. Peut être grâce à la presse écrite et à la radio (deux vieux media) et au public qui continue, heureusement, de se déplacer dans les stades, les salles et sur les circuits.