mercredi 14 octobre 2009

VDB, martyr et dérailleur

Un martyr est celui qui consent à aller jusqu'à mourir pour témoigner de sa foi plutôt que d'abjurer. Si l'on accepte le fait que consacrer sa vie à un objectif, prendre tous les risques même les plus inavouables pour assouvir sa passion et exister est un témoignage de foi et s'il devient un exemple de ce qu'il faut faire ou ne pas faire, alors oui  Franck Vandenbroucke est un martyr et son exemple, bon ou mauvais,  doit servir la cause du  sport et du cyclisme professionnel en particulier. Les disparitions de Simpson, Jimenez, Pantani  ou Salanson, les scandales Festina, CSC ou Astana, les affaires Puerto, Saiz, Armstrong, ou Landis, tous les soupçons et les doutes qui pèsent sur les coureurs en activités et les ennuis de santé de glorieux anciens pros n'ont pas suffi à assainir une discipline qui souffre de plus en plus d'un mal qui le ronge depuis tant de décennies, dont on connaît pourtant l'origine, les symptômes et même les remèdes. Dans ce contexte, Franck Vandenbrouke est l'exemple parfait du cycliste maudit. Né dans une famille modeste mais imprégnée de compétition cycliste, le jeune VDB montre très tôt des qualités pour le vélo et ses dons et son envie de réussir dans ce sport se révèlent si vite qu'à 18 ans il devient  le grand espoir du cyclisme belge. Son début de carrière pro sera fulgurant, ponctué par deux années de grâce en  1998 et 1999 avec les plus belles de ses victoires (Gand-Wevelgem, Paris-Nice, Liège-Bastogne-Liège et le Het Volk) et une place de leader dans la formation COFIDIS. Les 10 années suivantes, ne seront qu'une longue descente aux enfers. Entre dopage, trafics pas clairs, tentatives de suicide, séjour en hôpital psychiatrique, divorces, ennuis judiciaires, toute la panoplie du sportif influençable et dépravé y passe et le champion fragile ne cesse de dérailler. Faut-il en vouloir à un jeune sportif qui, comme tant d'autres à l'heure du professionnalisme démesuré, est tombé du nid familial trop jeune, a vécu une vie d'homme alors qu'il sortait à peine de l'enfance, n'a pas suivi le minimum d'études qui permet d'envisager une reconversion sereine, a piloté des Ferrari quand les potes de son âge conduisaient la Fuego de papa, buvait du champagne dans des bocks d'un demi-litre ? Faut il avoir pitié de lui ? Certainement car, même s'il n'y a pas d'âge pour mourir, 34 ans (comme Pantani !) c'est beaucoup trop jeune et surtout aucune des fautes qu'il a commises et même toutes additionnées ne méritent une telle sanction. Puni, VDB l'a été toute sa vie (à 4 ans il a été victime d'un grave accident dans sa rue). Souhaitons que sa mémoire soit honorée en invitant tous ceux qui pratiquent, organisent et dirigent le cyclisme professionnel à faire en sorte que le nom de Franck Vandenbroucke soit le dernier d'une liste noire déjà bien trop longue. Un jour prochain VDB voudra alors dire Vouloir Du Bien.