lundi 2 novembre 2009

Véridique !

Vous connaissez beaucoup de professions qui peuvent légalement exonérer jusqu'à 30 % de leurs revenus de  cotisations sociales ? Non ? Et pourtant, depuis 2004, près de 1500 sportifs et les clubs qui les emploient bénéficient de cette disposition très généreuse, dite DIC ( Droit à l'image collective) qui, selon la Cour des Comptes, a pour conséquence un manque à gagner de plus de 30 millions d'euros pour l'Etat. Créée à l'initiative de Jean-François Lamour, à l'époque secrétaire d'Etat aux Sports, ce dispositif dont profitent 658 footballeurs, 625 rugbymen, 142 basketteurs et 20 handballeurs et leur club, a, selon ses initiateurs, pour "louable" vocation de permettre aux clubs professionnels français de pallier la fuite de leurs muscles vers les grands clubs de pays à la fiscalité beaucoup plus légère. Pourquoi pas.  Même si on peut s'étonner que ce genre de régime n'ait pas également été étendu à d'autres professions touchées par le même phénomène de disparité fiscale comme les scientifiques, les médecins ou les chercheurs. Si à l'époque nul (à part quelques députés d'opposition) n'avait trouvé à redire au nom de la solidarité autour du sport français, il est curieux de constater, qu'en période de crise financière, à l'heure où les niches fiscales sont visées et alors qu'on va même jusqu'à violer les sacro-saints secrets bancaires suisse, l'amendement qui vise à supprimer cet avantage inique, dans le cadre du projet de  loi de finance 2010, provoque une véritable levée de boucliers. On peut comprendre les présidents des clubs français concernés qui vont devoir mettre la main au portefeuille (l'abandon du DIC prendrait effet en janvier prochain alors que les budgets des clubs ont été calculés pour couvrir les dépenses jusqu'en juin 2010) pour garder ou attirer les meilleurs éléments. Je pense particulièrement aux 30 clubs professionnels de rugby gavés de vieilles gloires européennes, de mercenaires argentins et de guerriers du Pacifique. Imaginez donc une ligne de trois quarts entièrement française en TOP 14. Ridicule ? Quoique, Médard, Heymans, Clerc, Jauzion, David, Michalak et Elissalde au Stade Toulousain ou Porical, Candelon, Sid, Mermoz, Marty, Laharrague et Durand à Perpignan ça tient aussi la route. Ce qui est plus surprenant c'est l'attitude de nos ministres ou des parlementaires de la majorité. A commencer par  Xavier Bertrand, Jean-François Lamour ou Frédéric Lefebvre qui désavouent Roselyne Bachelot et Eric Woerth, les ministres à l'origine de cet amendement mais surtout RamaYade qui voudrait faire croire qu'elle s'intéresse au sport mais débite de belles incongruités comme "sans le DIC, jamais Yoann Gourcuff ne serait resté à Bordeaux et jamais Sébastien Chabal ne serait revenu en France" alors que tous les observateurs savent très bien que dans ces deux cas précis d'autres paramètres ont été bien plus décisifs. le DIC n'a pas empêché non plus Karim Benzema de filer à Madrid ou Daniel Narcisse d'aller goûter la douceur des bords de la Baltique en signant à Kiel. Et la solidarité envers ceux qui paient leurs impôts sans bénéficier du moindre cadeau, ceux qui paient plein pot leur place au stade pour voir jouer Jonny Wilkinson mais aussi Kevin Gameiro ? Et les centaines de millions d'euros (sur 2,5 milliards de coût total selon frédéric Thiriez) d'argent public qu'il faudra trouver si la France organise l'EURO 2016 ? Ce sont bien les cochons de payeurs qui vont les financer, sans rechigner, même si on crée pour l'occasion un nouvel ISF, Impôt de Solidarité Pour le Football.