mardi 6 janvier 2009

La voile avec la peur

Faute d'actualité sportive, la voile, et en particulier le Vendée Globe, font l'événement. Enfin, toutes proportions gardées, car je suis certain qu'une grande majorité de passionnés de sport ne connaît pas le classement actuel de l'épreuve, voire même le nom du leader. En revanche, nul n'ignore les détails du sauvetage héroïque de Yann Eliès, du démâtage de Loick Peyron ou du chavirage de Jean le Cam. C'est un peu comme le Dakar qui passionne surtout lorsqu'il y a des concurrents accidentés ou des spectateurs percutés. Idem pour l'alpinisme ou la spéléologie, deux passions très honorables mais qui font courir des risques considérables à leurs pratiquants, aux sauveteurs et quelquefois à des personnes qui n'ont rien à y voir. Ce qui est plus discutable dans le cas des épreuves de voile c'est le rapport entre les investissements, les risques encourrus et la valeur médiatico-sportive des épreuves. Il faut savoir, par exemple, que le sauvetage de Yann Eliès a été évalué à plusieurs centaines de milliers d'euros. C'est à la fois peu, car son sponsor Generali (assureur) prendra en charge cette dépense mais c'est beaucoup par rapport à la situation de dizaines de plaisanciers amateurs victimes de ce genre de péripéties mais moins bien assurés et qui en sont de leur poches. Ces considérations n'enlèvent rien aux performances réalisées par ces skippers mais est-il bien raisonnable de prendre autant de risques. Qui est gagnant dans l'affaire ? La pratique des sports nautiques ? Rien ne vaut l'exemple des écoles de voiles disséminées sur nos côtes. La technologie pour les bateaux ? Oui, si on considère que toutes les évolutions actuelles tendent à fragiliser le matériel. Les skippers ? Peut-être, mais je ne suis pas certain que leur famille et leurs proches partagent cette passion. Les sponsors ? De celui qui gagne peut être mais des suivants et de tous ceux qui ont dû abandonner ? Rien n'est moins certain.