jeudi 11 juin 2009

Désastre galactique

Au delà de l'intérêt footballistique et spectaculaire de l'opération, le recrutement par le nouveau président du Real Madrid de Kaka et Cristiano Ronaldo (et bientôt Benzema puis Ribéry ?) se révèle choquant et malsain en pleine période de crise et de redressement économique. La somme dépensée par le Real (67 millions d'euros pour le Brésilien et 94 pour le Portugais) est certainement conforme au prix du marché pour ces deux stars, en revanche qu'un club, même le plus prestigieux du monde, endetté à hauteur de près de 600 millions d'euros (sources France-Football) soit autorisé à dépenser autant est totalement indécent. Tout ça parce qu'en Espagne la Ligue Professionnelle et le Conseil Supérieur des Sports n'exercent aucun contrôle sérieux des finances des clubs. Résultat, les 20 clubs de Liga cumulent un endettement de plus de 3,5 milliards d'Euros dont près de la moitié pour les seuls Real madrid, Atletico Madrid et FC Valence. Mercredi, au lieu de faire amende honorable et de prendre position contre ce genre de stratégie la ligue pro espagnole a, au contraire, déclaré que, pour un club, s'endetter est une méthode légitime (sic) pour financer son expansion. Quant à Florentino Perez, l'ex-nouveau président du Real, il ne compte pas s'arrêter en si bon chemin et prévoit de dépenser encore une bonne centaine de millions d'euro d'ici la fin de la période des transferts. Pendant ce temps là en France et dans un certain nombre de championnats européens on met en place des structures de contrôle et de sanction rigoureuses (type DNCG) qui ont un effet paradoxal en permettant aux clubs d'assainir leur situation financière ce qui les empêchent d'acheter de grands joueurs ou de garder leurs meilleurs éléments qui préfèrent (certaint présidents également) les millions d'euro-foot des clubs anglais et espagnols au bord de la faillite. Au moment où on élit un parlement européen chargé d'harmoniser les lois et les règles des pays membres, on se demande pourquoi le football de certaines nations échappe à tout contrôle. On se demande également quel est le véritable pouvoir de l'UEFA même si son président, Michel Platini, se dit choqué et déclare «L'enchaînement presque quotidien des transferts mirobolants au moment où le football européen fait face à de dangereux défis financiers m'interpelle. Cet engrenage pose de façon aiguë la question du fair-play financier et de l'équilibre de nos compétitions". Une indignation certes légitime mais qui doit être suivie d'effets sinon il ne faudra pas se plaindre de voir encore longtemps des quarts de finale de Ligue des Champions avec 6 clubs espagnols et anglais, des jeunes talents français, portugais ou slovaques déserter leur terre natale et des équipes nationales sans cohésion et sans motivation patriotique .